Paper #5

Contribution de l’IST au développement des sciences de l’information : genèse des années 1960-2000

Ghislaine CHARTRON, Professeur du Cnam, Directrice de l’INTD, laboratoire Dicen-Idf (EA 7339), ghislaine.chartron@lecnam.net

Résumé

Le développement des champs scientifiques ne relève pas uniquement d’individualités remarquables, leur dynamique entretient des liens forts avec la demande politique, sociale et économique comme l’ont démontré Gibbons et Leydesdorff en politique et sociologie des sciences. Nous défendrons ainsi le point de vue que les sciences de l’information ont répondu et répondent encore en partie à ce régime de croissance, le traitement de l’information se trouvant fortement adossé aux technologies et aux enjeux sociétaux sans cesse renouvelés. Plus particulièrement, nous nous intéressons au champ de l’Information scientifique et technique (IST), qui fût bien identifié en France et dont plusieurs institutions portent encore la trace (Inist, Urfist,). Le champ IST a contribué au développement et à la reconnaissance des sciences de l’information en France, en phase avec cette dynamique de développement identifiée par le modèle de la triple hélice de Leydersdorff.

La documentation scientifique fut l’un des champs pionniers où s’opérèrent des processus d’informatisation, de réflexions sur l’organisation des informations avec les nouveaux dispositifs technologiques naissants. La science de l’information se développa étroitement liée aux problématiques de la documentation scientifique électronique dans les années 60, avec l’enjeu du repérage de l’information. La contribution retrace la genèse du champ IST en analysant, de façon chronologique, le développement de deux dimensions centrales : les politiques publiques menées pour le développement de l’IST et le développement des technologies mobilisées. Une analyse comparée de 1960 à 2000 entre Etats-Unis, Europe et la France met en évidence d’une part la dynamique du champ et le rôle moteur des Etats-Unis avec la priorité d’enjeux politiques et économiques.

L’IST semble, aujourd’hui, relayé par de nouvelles thématiques comme l’open sciences, les humanités numériques, toujours au croisement innovant de l’information et des technologies numériques. Ce terrain permet de renouveler le débat plus large des intrications entre sciences, politique et société.

Contribution of the IST to the development of the information sciences: genesis of the years 1960-2000

Ghislaine CHARTRON, Professor of CNAM, Director of INTD, Dicen-Idf laboratory (EA 7339) (ghislaine.chartron@lecnam.net)

Abstract

The development of scientific fields is not only a matter of remarkable individuals, but also their dynamics have strong links with political, social, and economic demand, as Gibbons and Leydesdorff have demonstrated in politics and the sociology of science. We thus defend the view that information sciences have been related and still in part to this growth regime. Information processing is strongly backed by constantly renewed technologies and societal issues. In particular, we are interested in the field of Scientific and Technical Information (STI; IST in French), which has been well identified in France and whose some institutions still bear the trace (Inist, Urfist). The STI field contributed to the development and recognition of information science in France, in line with this development dynamic identified by the Leydersdorff triple helix model.

The scientific literature was one of the pioneering fields in which automatic processing and reflections on the organization of information took place with the new technological devices. The information science has developed in close relation to the problems of electronic scientific documentation in the 1960s, with the challenge of information retrieval. This paper traces the genesis of the STI field by analyzing, chronologically, the development of two central dimensions: the public policies for the STI, and the parallel development of the mobilized technologies. A comparative analysis from 1960 to 2000 between the United States, Europe, and France highlights both the dynamics of the field and the leading role of the United States with the priority of political and economic issues.

The STI now appears to be relayed by new themes such as open science, digital humanities, always at the innovative crossroads of information and digital technologies. This field allows us to renew the broader debate between science, politics, and society.